Pieter SAENREDAM - interieur de l'eglise St Bavon 1640
Les tableaux sur bois de Pieter Saenredam (1597-1665) constituent un ensemble de peinture architecturale basée sur une étude géométrique précise. Cet artiste singulier fut influencé par son ami, le peintre et architecte Jacob Van Campen (1596-1649), concepteur du Mauritshuis de La Haye et de l’Hôtel de Ville d’Amsterdam (actuel Palais royal).
La Grote of Sint-Bavokerk, église Saint-Bavon en français, est un grand édifice gothique situé à Haarlem (Pays-Bas). L’église est dédiée à Bavon de Gand (v. 589-659) qui distribua ses biens aux pauvres, devint moine à Gand (actuelle Belgique) et vécut une partie de sa vie en ermite dans la forêt de Torhout.
Saenredam a vécu l’essentiel de sa vie à Haarlem et il nous a laissé douze tableaux et vingt-sept dessins de l’église Saint-Bavon. Si cette église l’a particulièrement inspiré, il se déplaçait également pour prendre des croquis d’édifices divers (église, hôtels de ville, places), en particulier à Utrecht, Amsterdam, Alkmaar. Mais Saint-Bavon ne devait pas le quitter : il y fut inhumé.
L’œuvre impressionne immédiatement par sa monumentalité. L’église est effectivement de grande taille mais Saenredam accentue ce caractère en rapetissant les personnages par rapport à l’édifice. Les figures ont ainsi pour fonction de magnifier l’architecture. Après avoir déterminé ses dimensions précises, le peintre dessinait l’église avec minutie puis composait son tableau en atelier. La perspective, qui joue un rôle essentiel, était déjà parachevée sur le dessin. L’huile introduit donc la couleur et la lumière, c’est-à-dire toute la puissance visuelle de la peinture.
La monumentalité des œuvres de Saenredam provient de la perspective et de la couleur. Il utilise les artifices techniques courants depuis le début de la Renaissance pour accentuer la profondeur : alignement des piliers et arcades, dallage au sol, voûte. Ainsi Saenredam parvient à magnifier ses architectures de deux façons : en créant sur le tableau un espace vaste et profond et en l’inondant d’une lumière limpide par la clarté des coloris.
Le groupe de personnes se promenant dans la nef permet sans doute d’apprécier la taille de l’édifice. Mais il s’agit aussi des patriciens de Haarlem qui financent les œuvres d’art. A l’époque, chacun pouvait probablement se reconnaître dans l’un des personnages représentés.
Si l’on peut avoir le sentiment que le protestantisme a quelque peu entravé la liberté d’artistes comme Rembrandt ou Hals, on ressent au contraire une harmonie entre cette religion et l’œuvre de Pieter Saenredam. Presque entièrement consacrée à des édifices religieux, d’une rigueur quasi mathématique, d’une limpidité que l’on ne retrouve que chez certains italiens, la peinture de Saenredam est une recherche de pureté et de dépouillement.
illustr musicale:
J. S BACH - passacaille pour orgue