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MAES (Nicolaes), vieille femme pelant des pommes - BREL (Jacques), les vieux ()

(taille reelle)
MAES (Nicolaes), vieille femme pelant des pommes - BREL (Jacques), les vieux ()



Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps

Jacques BREL - Les Vieux



Nicolaes MAES - vieille femme pelant des pommes
Il fut à Amsterdam, entre 1648 et 1653, l'élève de Rembrandt qui garda longtemps sur lui une influence notable, notamment en ce qui concerne le clair-obscur. Dès 1654, se consacre à de petites scènes d'intérieur décrivant la vie des femmes et des enfants. Contrairement à de Hooch, il utilisait alors généreusement le noir brillant, les rouges chauds et l'intensité du contraste entre les zones en pleine lumière et les zones d'obscurité.

Illustration musicale: Jacques BREL - les vieux
Brel évoque le temps qui passe pour tout un chacun et qui rapproche inexorablement de la vieillesse et de la mort. Le texte a la particularité d'être composé de vers de 18 pieds qui rythment le mouvement de l'horloge. Jacques Brel a été inspiré par la dégradation de la santé de ses parents qui sont morts la même année, en 1964. Avec Les Vieux, Jacques Brel brosse un portrait tragique et désespérément obscur de la vieillesse.

Les vieux ne parlent plus
Ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres
Ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux
Chez eux ça sent le thym, le propre
La lavande et le verbe d'antan
Que l'on vive à Paris, on vit tous en province
Quand on vit trop longtemps
Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde
Quand ils parlent d'hier
Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore
Leur perlent aux paupières
Et s'ils tremblent un peu
Est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon
Qui dit oui qui dit non, qui dit "je vous attends"

Les vieux ne rêvent plus
Leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort
Le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus
Leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil
Et puis du lit au lit
Et s'ils sortent encore
Bras dessus bras dessous tout habillés de raide
C'est pour suivre au soleil
L'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide
Et le temps d'un sanglot
Oublier toute une heure la pendule d'argent
Qui ronronne au salon
Qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend

Les vieux ne meurent pas
Ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent la main
Ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l'autre reste là
Le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n'importe pas
Celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être
Vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent
En s'excusant déjà de n'être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent
Qui ronronne au salon
Qui dit oui qui dit non, qui leur dit "je t'attends"
Qui ronronne au salon
Qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend

Jacques Brel / Gerard Jouannest