WATERHOUSE, la rose
BRAHMS, valse n15
Elle passa un instant devant la fenêtre ouverte,
reçut le soleil dans les yeux et en resta éblouie.
Et cette petite phrase lui revint : « Aimez-vous Brahms ? »
Mais aimait-elle encore autre chose quâelle-même
François SAGAN - aimez vous Brahms
John William WATERHOUSE - sweet rose 1909
Moment de suggestive volupté que cette rencontre dans un jardin du Sud, à peine dévoilé, et que lâon imagine clos et à lâabri des regards indiscrets, entre une belle et une rose à la fragrance enivrante. Et rien ne semble altérer la pensée de la dame⦠La main caressante apposée sur un mur barrant lâaccès à un au-delà suggéré à la fois plus vaste et aux ombres aussi intenses quâimpénétrables voire menaçantes, dominé par une loggia elle-même livrée à lâobscurité de ce dernier étage dâune bâtisse presque immaculée et silencieuse, la femme sâabandonne au parfum envoûtant dâune rose blanche aux rehauts couleur chaire.
Et la fusion ne sâarrête pas là : aux rinceaux fleuris et inermes qui colonisent la chaude cloison, répondent les entrelacs stylisés de la robe verte et scintillante, les lignes premières se confondant avec les secondes. Les nattes, à peine maîtrisées par de délicates perles, comme les lèvres confiées aux soyeux pétales, annoncent le baiser, lâabandon, lâéchappée⦠Lorsque les courbes des ramures, des tuiles romaines, des arcades ou des épaules confient la douceur et lâabsence de peine, la main saisit la corolle en avouant la conquête et lâinvincible résolution. Et cela, au point que le mur de pierre garni de tuiles⦠en rougit et consent à sâanimer. Or pour lâheure, la résolue beauté aux joues ardentes se maintient dans ses murs tout en créant lâautre, tournant le dos à cette poterie repoussée sur la droite, prison dâun végétal ignoré. Le plan semble ainsi fait, lâouvrage minéral étant dans la confidence sinon complice. Avec nous.
Perspective réaliste ? Ou jouissif maelstrom intérieur faisant céder, en silence, toutes les cloisons ? Et pour une seule parenthèse ? Non, car une rose épanouie attend son heure, suivie dâun bouton déjà brûlant dans son calice⦠Fantasmes Belle Ãpoque sous un ciel azurâ¦
Illustr musicale: Johannes BRAHMS - valse n15
Seize valses pour piano à quatre mains op39 est un ensemble de 16 petites valses pour piano à quatre mains écrit par Johannes Brahms. Ces valses sont composées en 1865 et publiées deux ans plus tard, dédicacées à Eduard Hanslick.La valse n°15 en La majeur (ou La bémol majeur) est plus particulièrement connue.