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l'art par la musique

MIRO (Joan), el carnaval de arlequin 1925
VIAN (Boris), la complainte du progres 1953

Écrivez dans l'ivresse, mais relisez-vous à jeun.

André GIDE

Joan MIRO - el carnaval de arlequin 1925
C'est l'une des toiles majeures de la période surréaliste de l'artiste. Réalisée de 1924 à 1925, le maître l'exécute à une époque de sa vie économiquement difficile où il souffre, entre autres, de pénurie alimentaire et à laquelle le thème de l'œuvre est lié: « J'ai essayé de traduire les hallucinations que la faim produisait. Je ne peignais pas ce que je voyais en rêve, comme diraient aujourd'hui Breton et les siens, mais ce que la faim produisait : une forme de transe ressemblant à ce que ressentent les orientaux »

Illustration musicale: Boris VIAN - la complainte du progres 1953
Des énumérations de biens de consommation fantaisistes, avec des jeux de langage et des inventions. La chanson est une critique satirique de la société de consommation qui commence alors à se développer en France. Boris Vian y déplore le matérialisme d'une compagne qui, en guise de témoignage d'affection, réclame des objets.

Autrefois pour faire sa cour On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur On offrait son cœur
Maintenant, c'est plus pareil Ça change, ça change
Pour séduire le cher ange On lui glisse à l'oreille
Ah, Gudule Viens m'embrasser Et je te donnerai

Un frigidaire
Un joli scooter
Un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
Avec un four en verre
Des tas de couverts
Et des pelles à gâteaux
Une tourniquette
Pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour bouffer les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gauffres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux

Autrefois s'il arrivait Que l'on se querelle
L'air lugubre on s'en allait En laissant la vaisselle
Maintenant, que voulez-vous La vie est si chère
On dit rentre chez ta mère Et on se garde tout
Ah, Gudule Excuse-toi Ou je reprends tout ça

Mon frigidaire
Mon armoire à cuillères
Mon évier en fer
Et mon poêle à mazout
Mon cire-godasses
Mon repasse-limaces
Mon tabouret à glace
Et mon chasse filou
La tourniquette
À faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures
Et le coupe-friture
Et si la belle
Se montre encore rebelle
On la fiche dehors
Pour confier son sort
Au frigidaire
À l'efface-poussière
À la cuisinière
Au lit qu'est toujours fait
Au chauffe-savates
Au canon à patates
À l'éventre-tomates
À l'écorche-poulet

Mais très, très vite On reçoit la visite
D'une tendre petite Qui vous offre son cœur
Alors on cède Car il faut bien qu'on s'entraide
Et l'on vit comme ça Jusqu'à la prochaine fois

Paroliers : Boris Paul Vian / Alain Goraguer