home       retour
arpomat
B
jeudi 26 décembre 2024 - 07h26recherche / repertoires
GROMAIRE (Marcel), la guerre - BRASSENS (Georges), mourir pour des idees

GROMAIRE (Marcel), la guerre - BRASSENS (Georges), mourir pour des idees
(taille reelle)
Marcel GROMAIRE - la guerre ()

Marcel GROMAIRE - la guerre
Cinq soldats casqués, engoncés dans des manteaux-cuirasses, attendent l’assaut éventuel, Gromaire depeint la guerre vecue par des hommes-robots. Ces derniers apparaissent comme figés, se confondant presque avec le paysage au point de ressembler à des blocs de pierre. Gromaire a peint ce tableau sept ans après la fin de la guerre, avec la distance d’une vision rétrospective fondée sur sa propre expérience d’ancien combattant. La composition générale, tout en renvoyant à la mécanisation et à la déshumanisation des affrontements, évoque également un de ces nombreux monuments aux morts construits dès l’immédiat après-guerre pour témoigner collectivement de l’hécatombe et ne pas oublier le sacrifice des soldats. Marcel Gromaire a créé son propre style, qu’on ne peut confondre avec aucun autre. Un style qui allie un puissant souffle lyrique avec le goût d’une construction géométrisante.

Illustration musicale: Georges BRASSENS - mourir pour des idees
Brassens, né il y a exactement 100 ans aujourd'hui, traite dans cette chanson de l'absurdité du fanatisme sur un ton désinvolte. La chanson illustre la face anarchiste et antimilitariste de l'auteur, ainsi que sa défiance envers toute idéologie. C'est une de ses rares chansons de nature fortement politique.

Mourir pour des idées L'idée est excellente
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eue
Car tous ceux qui l'avaient Multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus

Ils ont su me convaincre Et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs se rallie à leur foi
Avec un soupçon de réserve toutefois
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Jugeant qu'il n'y a pas Péril en la demeure
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure Il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain

Or, s'il est une chose Amère, désolante
En rendant l'âme à Dieu, c'est bien de constater
Qu'on a fait fausse route, qu'on s'est trompé d'idée
Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Les Saint Jean bouche d'or Qui prêchent le martyre
Le plus souvent d'ailleurs, s'attardent ici-bas
Mourir pour des idées C'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas

Dans presque tous les camps On en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire
En aparté, "mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"

Des idées réclamant Le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose Aux victimes novices
Mourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles?

Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir Avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant Tourne autour du tombeau,
"mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"

Encore s'il suffisait De quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre, on y serait déjà

Mais l'âge d'or sans cesse Est remis aux calendes
Les Dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
Et c'est la mort, la mort Toujours recommencée,
mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Ô vous, les boutefeux Ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu Laissez vivre les autres
La vie est à peu près leur seul luxe ici-bas

Car, enfin, la Camarde Est assez vigilante
Elle n'a pas besoin qu'on lui tienne la faux
Plus de danse macabre Autour des échafauds,
mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente